Londres

Le 17 août 2018, j’ai un premier rendez-vous avec celle qui deviendra, le soir-même, ma copine. Nous nous parlons que depuis 5 jours, sur une application de rencontre, mais un amour véritablement fort est déjà né et tout va très vite. Cependant, une nouvelle inattendue va venir se glisser dans cette soirée et je vais devoir faire face à une situation à laquelle je ne m’attendais pas. Elle m’annonce qu’elle travaille à Londres depuis une année et qu’elle y retournera d’ici début octobre, elle est simplement de retour en Suisse pour des vacances. Là, d’un coup, je prends une immense claque et mon ancien moi serait certainement parti en courant. Cela me permet, encore une fois, de rappeler que rien n’arrive par hasard dans la vie et que les difficultés que l’on rencontre servent à nous préparer au futur qui nous attend. Face à ce grand amour naissant, je ne pouvais pas tout laisser tomber, pas maintenant. Alors, j’ai stoppé la peur qui montait progressivement en moi, j’ai mis de côté toutes mes pensées et mes inquiétudes et j’ai dit : « Je suis prêt à tenter le coup ». Je ne savais pas dans quoi je m’embarquais, pour la première fois de ma vie, j’acceptais de vivre aujourd’hui sans savoir comment sera demain.

Me voilà maintenant en couple, heureux comme jamais. Elle viendra dormir chez moi le mardi qui suivi notre première soirée et elle ne repartira plus. Aujourd’hui nous avons officiellement emménagé ensemble. On vit un amour fort et passionnel depuis août.

Je ne compte même plus le nombre de fois où j’ai eu envie de monter au sommet d’une montagne pour hurler. Comme pour dire à la vie : « J’ai gagné »

Après des années de souffrance, a airer dans le noir sur le chemin de la vie, je vois enfin la lumière au bout du tunnel. Ce fût une grande bataille et une magnifique victoire.

Puis vient le jour du départ. C’est un sentiment tellement étrange de se dire qu’on a passé notre dernière nuit ensemble dans notre appartement. Après tout ce qu’on à vécu en si peu de temps, nous allons devoir être séparé un moment. Le week-end précédent, nous étions ensemble à Lyon, dans cette ville qui me tient tant à cœur. Je pense que ce n’est qu’arrivé devant la file d’attente pour passer la sécurité de l’aéroport que l’on se rend compte que c’est ici, maintenant, après avoir vécu ensemble quasiment 24h/24, que nous allons maintenant nous retrouver seul. Pour moi qui ai fuit la solitude toute ma vie, c’est un retour en enfer qui s’annonce. Je vais devoir affronté ce que je pensais avoir déjà affronté une fois pour toute.

Je n’ai pu retenir mes larmes en serrant fort dans mes bras la femme que j’aime. C’était un moment vraiment très dur, mais je me rassurais en me disant que je la verrai dans une semaine, car je décolle pour Londres le samedi suivant. En rentrant, je me suis retrouvé seul dans cet appartement, l’odeur de son doux parfum flottait encore dans l’air, comme si elle était là. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, mais en sentant son odeur, je l’ai cherchée dans tout l’appartement, me disant qu’elle allait surgir de nulle-part et me dire que tout ça n’était qu’une blague. Je me suis effondré en larme et j’ai su, à ce moment-là, que cette épreuve serait bien plus difficile à surmonter que ce que j’imaginais.

Une semaine difficile s’achève, nous n’avons jamais passé une nuit seuls, nous faisions un appel vidéo, on s’endormait ensemble et l’on se réveillait ensemble. Même à distance, nous étions toujours ensemble, mais notre vie à deux ne tenait qu’à un WiFi londonien absolument désastreux.

Notre amour étant très fort et la distance très difficile à vivre, nous décidons d’organiser, le plus souvent possible, des semaines ou des week-end chez l’un ou chez l’autre. Je prends donc l’avion pour la troisième fois de ma vie pour aller dans une ville que je ne connais pas et qui ne m’attire pas. Je parle un peu anglais et j’espère que mes quelques notions me permettront de passer la douane et d’arriver à bon port. Je décolle donc de Genève pour atterrir à Londres Luton. Je suis stressé, car je ne sais absolument plus comment se passe les contrôles de sécurité, l’embarquement, je ne sais pas du tout à quoi m’attendre en arrivant à Luton, je dois me débrouiller pour prendre le bon bus pour la retrouver. C’est un stress immense pour moi, mais je le surmonte tant bien que mal. Je finis par arriver à Londres, passer la douane et sortir de l’aéroport. Je suis tombé sur un douanier très sympa, premier témoin de mon anglais rouillé. J’ai réussi à me faire comprendre par les personnes qui servent d’informateurs pour les bus, je suis monté dans le bon bus et je suis bien arrivé à Golders Green, ou vivait ma copine. Je l’ai serrée fort dans mes bras, comme si je ne l’avais pas vu depuis très longtemps. Arrivé chez elle, je découvre ou je vais loger pendant une semaine, un petit appartement ou il faut traverser le couloir principal de la maison pour se rendre dans les diverses pièces. Ce qui permet, entre autre, de croiser les voisins quand tu vas prendre ta douche. On est loin du confort que j’ai en Suisse.

Le lendemain, malgré sa demande de congé, ma copine est contrainte d’aller travailler. N’étant là que pour une semaine, je vais profiter de tout le temps que j’ai avec elle, je vais donc l’accompagner et passer la journée avec elle au travail. Je découvre donc le petit magasin ou elle travaille en tant que fleuriste. Je rencontre ses collègues, dont une française qui va me permettre de discuter sans chercher mes mots en anglais. En allant me balader pour faire quelque photos avant de me retrouver confronté au temps Anglais ou Londonien, je découvre Hampstead. Une sorte de quartier un peu riche ou l’on croise quelques belles voiture avant de croiser une maison presque en ruine, bien qu’habitée, dix mètres plus loin. C’est ce contraste de Londres qui m’a déplu. Des très pauvres à côté de très riches. Avec, malheureusement, bien plus de pauvres que de riches… Je pensais que l’Angleterre est un pays riche, car quand on voit Londres à la télévision et que l’on regarde la famille royale, on ne peut imaginer une ville ou un pays qui compte un certain nombre de pauvres.

Hampstead © Jérémy Galland

C’était étrange d’être à Londres, car je n’y était ni pour le travail, ni pour des vacances. Petite anecdote en passant, le soir où je suis arrivé à Londres, un incendie s’est déclaré à quelques rues du lieu où habitait ma copine. A peine arrivé, je savais que ça allait être une sacré aventure. Le soir de mon arrivée, bien que fatigué du voyage et par le stress, nous allons boire un verre dans un pub typique d’un Londres plus populaire que le Londres que l’on peut visiter en plein centre ville. L’ambiance de Londres est bien différente lorsque l’on sort un peu du centre.

Le lundi 15 octobre, ma chérie ne travaille pas, nous allons donc visiter Londres. J’ai eu la chance de voir la plus haute tour d’Europe. Enfin, les trente premiers mètre, car le ciel Londonien et le brouillard cachaient le reste de la tour. J’ai vu Tower Bridge, Buckingham Palace et son grand parc rempli d’écureuils. C’était ma journée tourisme. J’ai eu beau trouvé le centre de Londres (Picadilly Circus, Oxford Street, etc) très intéressants et plutôt sympa, Londres est rentré dans mon classement des villes que j’aime le moins. J’étais là pour voir ma copine, Londres ne m’a jamais attiré et plus le temps passait, moins j’aimais cette ville.

Le lendemain, j’ai fêté mon anniversaire à Londres, dans un restaurant très chic. Je garde un très bon souvenir de cette soirée, c’était un très beau moment. Rien ne comptait plus pour moi que de fêter mon anniversaire avec la personne que j’aime. Je pense qu’il y a des moments importants dans la vie et j’ai toujours trouvé important de les partager.

City of London © Jérémy Galland

Ce sont les deux seuls jours où ma copine ne travaillait pas. Je passerai le reste de la semaine à travailler dans son appartement avant d’aller la rejoindre au magasin en fin de journée. J’ai passé chaque instant possible avec elle, j’ai profité à fond de cette semaine avec elle, car je savais que ces moments se feraient plus rare à cause de la distance. Le samedi 20 octobre, je décolle depuis Luton pour repartir à Genève. C’est une journée difficile, une nouvelle séparation. Ma copine, en pleur, me dit qu’elle veut rentrer et me supplie de rester en attendant qu’elle puisse rentrer en Suisse. Mais je devais retourner travailler, même si aujourd’hui je me dit que mon travail n’avait aucune importance, on est des humains et face à des situations comme celles-là, le travail devrait être le cadet de nos soucis. Je lui ai alors promis que je reviendrai le week-end suivant pour venir la chercher. Je lui ai demandé de me promettre de donner sa démission le jour-même et je m’occuperai de tout organiser pour la rapatrier. Aujourd’hui encore, je me revois monter dans ce bus, en lui disant que je l’aime et en lui promettant de venir la chercher. Combien de fois me suis-je dit « J’aurai dû rester ». Si j’étais rester, personne, et surtout pas mon employeur, n’aurais compris cette décision. Mais finalement, l’important n’est il pas de rester fidèle à ce que l’on pense et ce que l’on ressent ? Que serait-il arrivé si j’étais resté à Londres ? Rien, le monde ne se serait pas arrêté de tourner et la société pour qui je travaille n’aurait pas fait faillite à cause de mon absence. Voilà donc une chose à méditer : N’oublions pas d’être libre. Si un de mes employés ou associé m’appelais pour me dire qu’il doit rester à l’étranger parce que sa copine ou sa femme à besoin de lui ici, je lui dirai de prendre soin de sa moitié et de revenir quand il le pourra. Malgré mon départ, ma copine a survécu, l’épreuve n’était pas insurmontable, mais je repense souvent à cet épisode, car il y a pas mal de choses à en tirer. Moralement, ça a aussi été très difficile pour moi, mais je me suis accroché et j’étais prêt à tout pour la ramener.

Mon espoir entier fût anéanti le soir-même après être rentré. Elle m’annonce, qu’après discussion avec sa patronne, elle reste encore jusqu’à fin décembre à Londres et que cela lui convient. C’est très difficile à entendre lorsque l’on s’attendait à tout faire pour la faire rentrer au plus vite.

Quelque part au dessus de la France

Ce n’est que le mercredi 31 octobre que je décolle à nouveau pour Londres vers environ 14h. Cette fois, le stress est moins présent, malgré le fait que je change d’aéroport, car je vais atterrir à Heathrow qui a tout sauf la réputation d’être petit… C’est la première fois que je vais arriver dans un grand aéroport international. Genève, Heathrow, le Heathrow express, Uber et me voilà à nouveau à Hampstead pour aller rejoindre ma copine sur son lieu de travail. Mon anglais s’était bien améliorer et j’étais déjà plus à l’aise, même si je n’ai pas compris la moitié de ce que me disait mon chauffeur Uber. Je me souviendrai toute ma vie de la tête de la patronne du magasin quand je suis entré, surprise incroyable de voir arriver le fameux copain de son employée. Je ne suis à Londres que pour quelques jours, j’arrive mercredi en fin de journée pour repartir samedi après-midi. La seule visite que nous ferons, sera la visite du marché de Camdem, lieu fort sympathique bien que très fréquenté.

Cependant, entre ces deux voyages, espacés d’une bonne semaine, ma copine avait quand même eu le temps d’aller faire un séjour à l’hôpital. Elle est tombée très malade et était dans un état assez inquiétant. J’étais près à sauter dans le premier avion pour aller la rejoindre, mais après quelques heures à l’hôpital et avec une perfusion dans le bras, les médecins l’ont laissé sortir. Elle allait un peu mieux, mais devait se reposer. Pour moi, il fallait que tout cela s’arrête. Entre la distance qui rend les choses difficiles et maintenant sa santé qui suit plus, je voulais qu’elle rentre en Suisse définitivement et qu’elle se fasse soigner en Suisse, car des soins étaient encore nécessaires. Pour moi, il n’y avait plus de discussion possible, il fallait qu’elle rentre. Cependant, ce n’était pas évident pour elle, elle ne voulait pas planter sa patronne comme ça.

Je redécolle donc de Londres Heahtrow le samedi 3 novembre, laissant encore une fois ma chérie à Londres. Chaque retour est pénible moralement et physiquement. Londres n’est pas si loin, mais le déplacement entre son appartement et l’aéroport, l’enregistrement de mon bagage en soute (je voyage toujours avec mon sac photo qui vient avec moi en cabine), le contrôle de sécurité, l’embarquement, le vol et le retour à mon appartement prend de longues heures. Je voyage avec mon casque vissé à la tête, la musique m’aide à gérer mes émotions.

Londres vu du ciel Heathrow airport

Je la retrouve à Genève, tard dans la soirée le 12 novembre. Cette fois, c’est moi qui travaille toute la semaine, mais je vais alléger mes horaires pour passer du temps avec elle. De plus, je rentre à midi pour manger avec elle avant de repartir travailler. Je vois bien que ça ne va pas, son état de santé ne s’améliore pas, au contraire. Le samedi suivant, je l’emmène, un peu de force, à l’hôpital. Ils l’ont mise sous antibiotiques et elle sort avec un arrêt de travail d’une semaine. Elle doit décoller le lendemain, mais il est clair et net qu’elle ne prendra pas ce vol. Il est temps de mettre un stop à toute cette histoire Londonienne, il lui faudra le week-end pour venir à bout de sa réflexion et décider de rester en Suisse.

Les jours suivant, je l’accompagne pour lancer la machine administrative, elle se réinscrit à la commune, à mon adresse qui devient à cet instant notre adresse. Je fais le nécessaire aussi auprès des caisses maladies. J’ai mis une énergie folle dans ce retour express qui demande un peu d’administratif.

Nous décollons le vendredi 23 novembre pour Londres Gatwick (oui j’ai fait presque tous les aéroport de Londres…). Nous ne serons à Londres que pour 24h, le temps de faire ses valises, nettoyer l’appartement et rendre les clés. Ce sont 24h difficiles, de part la fatigue et la boule au ventre que nous avons sachant que nous quittons Londres en mauvais termes.

Londres Heathrow, le 24 novembre 2018, nous enregistrons les deux grosses valises qui vont en soute et nous avons réussi à équilibrer le poids pour qu’aucune des deux valises ne dépasse 23kg. J’ai sincèrement cru qu’elles dépasseraient le poids, alors on a presque sauté de joie dans l’aéroport. Retour à Genève, puis retour à la maison. Londres est derrière nous ! Enfin presque… il reste une étape à franchir.

Clayton Crown London

Le 25 décembre 2018, nous décollons pour Londres. Non pas que nous avions envie d’aller y fêter Noël – loin de nous cette idée – mais toute la famille de ma copine avait pris des billets d’avion pour venir la voir à Noël. Du coup, on était un peu forcé de retourner à Londres et le cœur n’y était vraiment pas… Nous décollons de Genève aux alentours de 17h pour atterrir à Londres Heathrow en début de soirée. Nous arrivons dans un bel hôtel (chose presque rare à Londres) avec piscine. En passant, ce soir là, je mange le meilleur burger de ma vie. La fatigue aura vite raison de moi et notre première soirée sera calme.

Le lendemain matin, nous retrouvons sa famille dans un autre hôtel, à une vingtaines de minutes du nôtre. Journée tourisme en vue ! Journée pénible en vue pour moi, parce que je n’ai pas vraiment envie d’être à Londres, mais surtout, car qui dit kilomètre, dit grosses douleurs dans le dos et les jambes. Je ferai certainement un article là-dessus un jour, mais je souffre d’une myopathie. Ce genre de journées sont donc assez éprouvantes pour moi.

Je n’ai pas énormément de photos et de choses à raconter sur ce court séjour. Le lendemain, nous sommes allé à Winter Wonderland, c’était assez sympa, malgré le froid. Il y avait une ambiance un peu tendue, je crois que tout le monde était fatigué et un peu sur les nerfs.

Le 28 décembre, après avoir pris un dernier English Breakfast, nous rendons les clés de la chambre et allons boire un verre en attendant l’heure de partir pour l’aéroport de Luton. Peu à peu, le poids que nous avions sur les épaule semble se dissiper, nous vivions nos dernières heures à Londres. En montant dans notre Uber, nous savons que nous nous rapprochons de la maison.

Nous voilà donc arrivé à Luton, là où tout a commencé.

La ligne d’arrivée est bien souvent la ligne de départOrelsan – Epilogue

La boucle est bouclée, j’avais atterri à Luton la première fois et je repars par le même aéroport. Lors du contrôle de sécurité, c’est bien la première fois que je bip au portique, mais je le prends avec le sourire tout en étant détendu. Nous profitons du temps qu’il nous reste avant d’embarquer pour manger. Rapidement, vient le moment d’embarquer et, une fois installés dans l’avion, nous attendons avec impatience le moment de décoller. Ce moment est, comme souvent, un poil retardé. Sur le taxiway, l’avion attend l’autorisation de s’engager sur la piste, je prends alors cette photo qui sera ma dernière photo de Londres :

Londres Luton avant le décollage

L’avion s’aligne sur la piste, met les gaz à fond et commence à rouler pour le décollage, je prends la main de ma copine, je réalise à ce moment tout ce que nous avons vécu à Londres, tout ce que j’ai fait pour elle. J’aurai décroché la lune pour elle. Je sens les roues de l’avion qui se détachent du sol, je serre très fort sa main, les larmes aux yeux, et dis ces mots :

C’est fini

Je regarde par le hublot, je vois, tel un symbole, Londres qui est maintenant derrière nous et je souris à la femme que j’aime avant de la prendre dans mes bras.

Jérémy Galland

Après ce que j'appelle un "crash personnel", je bâtis une nouvelle vie en guérissant mes blessures et en apprenant à mieux comprendre le fonctionnement de mon cerveau

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